Marie-Claire

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Du foot pour rester active malgré l’attente

Texte: Jehanne Bergé - Photos: Johanna de Tessières

Printemps 2021, Marie-Claire remonte sur le gazon après un an d’absence. La pandémie a mis à mal la pratique des joueuses et joueurs du club, alors, place à l’entraînement. Terrence, le coach dicte l’échauffement. C’est parti pour deux tours de terrain ! « Je suis essoufflée, mais je crois que je n’aurai pas de courbatures, je fais des abdos deux fois par jour », s’exclame la sportive quinquagénaire.

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Marie-Claire, 51 ans, vient du Cameroun où les travaux aux champs faisaient son quotidien. Arrivée en Europe, elle rêve de gagner son autonomie au plus vite. En attendant, pour rester sereine et en forme pendant sa demande d’asile, elle s’est mise au foot.

Les mains dans la terre

Marie-Claire vient de Obala, un village à 45 kilomètres au nord de Yaoundé, la capitale du Cameroun.  C’est là qu’elle grandit dans une famille de cultivateurs. Sa mère récolte le manioc et les arachides. « Le travail de la terre était dur et tout se faisait à la main. »  Si elle ne pratique pas encore de sport, les tâches physiques font alors partie de son quotidien, et ce dès le plus jeune âge.

Marie-Claire arrive seule en Europe. Après un passage en Italie, où elle se fait exploiter par une famille, elle trouve refuge en Belgique avec sa fille, Vanessa.

Marie-Claire et Vanessa discutent devant les grilles du centre Fedasil de Rixensart. Telle mère telle fille, elles ont la passion du sport. Si Marie-Claire a opté pour le foot, Vanessa préfère le basket .

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Quelle n’est pas sa surprise en découvrant la vie sédentaire de nos sociétés occidentales ! « Je ne savais pas qu’on pouvait vivre sans aller au champ. J’aimerais que ma fille voie comment on vit en dehors de l’Europe, qu’elle réalise qu’il est possible de vivre grâce à la terre. »

Depuis cinq années, elle et Vanessa sont installées au Centre Fedasil de Rixensart, en attente de régularisation. « C’est très long. Faire du sport m’aide à oublier tout ça. Quand j’aurai mes papiers, j’aimerais travailler et être autonome. »

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Vanessa, 10 ans est scolarisée à l’école communale du Centre. Comme sa mère, la petite se passionne pour le sport. « Quand on sortira du centre, elle voudrait qu’on ait un jardin pour pouvoir bouger. »

Marie-Claire prend régulièrement des nouvelles du pays en téléphonant à sa maman. « Maintenant avec Internet, le monde est ouvert. Je vois qu’au Cameroun, il y a aussi des clubs de foot pour les filles. Quand j’étais petite au village, les ballons durs, c’était pour les garçons, nous n’avions que des petites balles en mousse. »

Marie-Claire est au téléphone avec sa mère restée au Cameroun. Cette dernière n’est pas surprise que sa fille joue au foot, Marie-Claire ayant toujours été amatrice d’efforts physiques.

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À Rixensart, c’est l’un des animateurs de Fedasil qui l’invite à rejoindre le club FC Kraainem. « Je n’imaginais pas un jour faire du foot. Quand on m’a proposé, au début, je n’étais pas motivée. »

Et finalement, pourquoi pas ? Terminé le temps des ballons en mousse. C’est comme ça que Marie-Claire débarque sur le terrain avec d’autres filles et femmes du centre. « Il faut du courage, ici, il y a le froid qui te frappe. »

Salah, joueur en P4 et chauffeur bénévole, conduit Marie-Claire du centre Fedasil au FC Kraainem. L’occasion pour eux deux d’échanger autour de la vie et de leur pratique sportive.

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Retour sur le terrain, ce soir de mai 2021. Après une année dictée par le coronavirus, il est bon de refouler le gazon. Terrence souffle la fin de l’entraînement.  « Ça m’avait manqué, ça fait du bien. Quand je joue, c’est de la bonne fatigue. »

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